introduction
Au début des années 2000, la saga Harry Porter est adaptée au cinéma avec le succès qu’on connait. Dix ans plus tard, vers 2012, un nouveau genre apparait, les dystopies jeunesses avec en fer de lance les séries de films Hunger Games, Divergente, Le Labyrinthe, Les Âmes Vagabondes, Sublimes Créatures. Tous ces films sont des romans « young adult » ayant été adaptés au cinéma avec plus ou moins de succès. Suzanne Collins a écrit Hunger Games, Stephenie Meyer a écrit Les Âmes Vagabonde (The Host), Orson Scott Card a écrit La Stratégie Ender, James Dasher a publié L’épreuve (Maze Runner), de la plume à l’écran il n’y qu’un pas, celui du tiroir-caisse.
Hollywood aime lancer des modes cinématographiques et après Harry Potter, un nouveau filon fut trouvé, celui des romans jeunesses dans lesquels une jeune héroïne ou un jeune héros se découvre un rôle d’Élu à même de changer l’ordre des choses, en générale une société dystopique imposé par leurs aînés pour dissuader et réprimer toute tentative de rébellion ou de chaos. La suite on la connait, la plupart de ces films on fait des flots au box-office et la pandémie liée à la covid passant par-là, n’a rien arrangé, l’industrie du ciné mise à l’arrêt, ces films young adult SF ont trouvés une échappatoire à la télévision en série tv (comme pour The Mortal Instrument) ou sur les plateformes de streaming (comme pour le film Artemis Fawl ou la série His Dark Materials : À la croisée des mondes disponibles respectivement sur Netflix ou Disney +).
Pour une grande majorité ces films sont mauvais, voire indigeste. D’ailleurs le public ne s’y est pas trompé et les a boudés provoquant la chute du genre. Ceci dit je caresse le doux espoir qu’à défaut d’être bon, les films auraient suscité chez nos chers têtes blondes le plaisir de la lecture.
Un rêve pieu, j’en ai bien conscience, et pourtant je me dis que quelques jeunes lecteurs ont eu suffisamment de curiosité pour connaître la suite et se procurer les romans de leurs sagas favorites. Les studios ayant jeté l’éponge, il y a peu de chance que des suites cinématographiques soient produites. Par exemple avec le film The Giver (Le Passeur de Lois Lowry) une histoire de société futuriste sans émotion où un jeune héros est choisi pour devenir le gardien des souvenirs des temps passés. L’autrice Lois Lowry a étendu la saga du Passeur en tétralogie, un récit initiatique qui tient sur quatre tomes, dont seul un film fut réalisé… laissant un sentiment de frustration chez celles et ceux ayant apprécié le film.
Quel pourcentage de jeunes spectateurs ont souhaités connaitre la suite par le biais de la lecture ?
Un chiffre qui serait pertinent de savoir, pour ce faire une idée du nombre de lecteurs qu’ont suscité ces films.
cyberespace, robots et humutes
Des pages à l’écran, il y a des passionnés et un gros chèque capable de lancer une production, mais au-delà de l’aspect mercantiles des films hollywoodiens le pouvoir de donner envie de lire est capitale. Un livre entrainant un autre, le jeune séduit par la lecture d’œuvres de Science-Fiction va chercher à retrouver ce plaisir. Dans les médiathèques et sur Internet auprès des blogs, il pourra toujours se renseigner mais risque d’être orienté vers les classiques du genre, comme le cycle Fondation d’Asimov ou Dune d’Herbert, pas forcément abordable pour un lecteur débutant.
Ainsi dès l’âge de 9 ans, jeunes filles et jeunes garçons, n’auront aucune difficulté à découvrir les courts romans et novellas des collections Mini Syros Soon et Mini Soon + des éditions Syros, qui offrent un accès facile à la Science-Fiction. Émerveiller et faire rêver sont garantis car il n’y a pas d’âge pour lire de la SF. En 48 pages, idéal pour la lecture du soir, un univers se dessine avec ses personnages attachants, héros d’histoires invraisemblables et inoubliables.
Les hypothèses les plus folles sont au rendez-vous. Chaque ouvrage invite à la réflexion. Et un enfant de 8 ou 9 ans est capable de se projeter dans le futur pour comprendre le présent. Et si les animaux étaient doués de paroles ? Et si nous pouvions connaître nos vies dans le futur ? Et si nous échangions avec un peuple extraterrestre ? Autant de questions qui trouvons peut-être leurs réponses dans le futur. Ces lectures interrogent les jeunes esprits, amènent une réflexion sur leurs placent dans le monde.
Au hasard des publications, petite sélection du meilleur de la collection Soon :
« L’envol du dragon » de Jeanne-A Debats.
Valentin est âgé de 9 ans et souffre d’un cancer avancé. Pour échapper à son quotidien et oublié la douleur, il joue à un jeu vidéo en ligne « WorldOfDragons ». Dans ce jeu il doit apprendre à voler, comme un petit dragon, pour dépasser ses limites, oublier qu’il va disparaitre, se sentir enfin libre et réussir à le faire avant de mourir. Une intrigue courte (41 pages) mais excellente, avec beaucoup d’émotion, qui interroge le lien entre réel et virtuel. Un petit roman qui efface les stéréotypes sur les dangers du virtuel en proposant une échappatoire.
« Robot mais pas trop » d’Éric Simard.
En l’an 2030, chaque famille possède à son domicile plein de robots. Adam n’échappe pas à la norme et bientôt une blague se produit quant tous les robots se détraquent en même temps. La fin du roman dérange mais donne toute sa force à l’intrigue. Une réflexion passionnante est offerte aux jeunes lecteurs peu habitués à se perdre dans les terres de la Science-Fiction.
« Roby ne pleure jamais » toujours d’Éric Simard.
En moins de 45 pages, la thématique de la nouvelle « L’Homme Bicentenaire » d’Isaac Asimov est mise au goût du jour et accessible aux plus jeunes. Amour, ressentiment, tristesse, sont quelques-uns des sentiments humains. Qu’arrive-t-il quand un robot en fait progressivement l’expérience ? C’est ce qui se produit chez Roby un androïde qui évolue peu à peu vers la conscience. Leçon de tolérance autour d’une thématique : qu’est-ce qu’un être humain ? Le roman est progressif car au début les humains méprissent les robots. Selon eux il s’agit de machine bonne à tout faire, leurs souffre-douleurs favoris. Mais Roby va leur démontrer le contraire, car au final, il est bien plus sensible qu’il n’y parait.
« À la poursuite des Humutes » de Carine Rozenfeld.
Court récit d’anticipation dans lequel une guerre terrible se joue contre les Humutes, des mutants humains. Âgé de 10 ans, Tommy angoisse, il sent des changements en lui et s’inquiète d’être rejeté par ses parents puis interné dans un camp. Les thématiques SF les plus fortes sont convoquées dans ce roman, comme l’altérité, la modification du corps…
C’est quatre petits romans offrent déjà un avant-goût de ce qu’on trouve dans cette collection, à partir de 9 ans et toujours à petit prix.
pour lecteurs plus chevronnés
Dès 13 ans les éditions Syros proposent des ouvrages plus étoffés, comme « La ballade de Trash » de la prolifique Jeanne-A Debats, histoire dystopique dans un Paris dévasté, Trash le leader d’une bande d’ados motive son groupe par ses valeurs positives. Entre tension et désespoir, la survie du héros importe beaucoup au lecteur. Ou encore « À Mille milles de toute terre habitée » d’Ange, où une faille spatio-temporelle permet à Deyann, un jeune garçon isolé sur un satellite minier de sauver la vie d’une jeune-fille. Entre rêve et poésie, le voyage dans le temps peut-il changer le cours des événements ? Question complexe. Vous aurez la réponse en lisant le roman.
Avec « Les sentinelles du futur » de Carine Rozenfeld, ont mélange les genres. Lendemains noirs, dystopie, voyage dans le temps et premier contact extraterrestre sont réuni dans ce roman de 297 pages. En 2359 la Terre est à l’agonie, un « couloir du temps » permet d’explorer le futur et découvrir qu’une mystérieuse source d’énergie a sauvé la planète et l’humanité. Elon, 16 ans, va découvrir que ce miracle est très certainement d’origine extraterrestre. Trépidant, originale et bien construit, peut-être l’un des meilleurs titres de la collections.
Sentiment d’évasion incroyable garanti, imagination débloquée, reflet formidable de notre présent, humanisme, esprit critique développé, questionnement philosophique de la réalité, sont quelques-unes des qualités qu’apporte la Science-Fiction aux jeunes lecteurs.
Vous l’aurez compris, chez Syros les héros sont jeunes et idéalistes à l’image de leurs lecteurs, et même si ces récits appartiennent aux genres post-apocalyptique, à l’uchronie et à l’histoire alternative, au cyberpunk ou au biopunk avec son clonage et ses manipulations génétiques, l’ensemble se reconnait dans le hopepunk, ce récent sous-genre, où les attitudes positives font loi.
Pour celles et ceux qui en redemande après s’être familiarisé aux mondes de la SF chez les éditions Syros, il y a en France d’autres autrices et auteurs spécialisés dans la littérature de Science-Fiction à destination de la jeunesse.
Danielle Martinigol avec « Cantoria », « Les Abîmes d’Autremer » ou encore « Les Oubliés de Vulcain » et « L’or Bleu », raconte des aventures vertigineuses dans le space opera matinée d’écologie. Une institutrice à la retraite qui un jour a eu envie de partager sa passion pour la SF auprès de ses élèves en leur écrivant des histoires extraordinaires.
Dans le sillage de Danielle Martinigol, il faut également découvrir Christian Grenier qui avec « Virus L.I.V.3 ou la mort des livres » assume son rôle de passeur avec cette histoire de virus qui efface les phrases des livres après qu’on les ais lu. L’héroïne souffrant d’une infirmité va s’engager dans un parcours initiatique à la recherche de la vérité.
Puis sans oublier Yves Grevet et sa trilogie « Méto ». L’histoire de 64 garçons qui vivent isolés dans une maison. Ils sont regroupés par tranche d’âge, chacune correspondant à une couleur. Aucune liberté, l’emploi du temps de la journée est minuté. Même les secondes entre chaque bouchée lors des repas doivent être comptées, sous peine de sanction. À la fois dystopique et mystérieux, le premier tome de « Méto » a été récompensé quatorze fois !
les classiques et les bulles
Enfin il y a les classiques de la littérature science-fictive à peut-être réservé à des lecteurs plus chevronnés. « La force mystérieuse » de J.-H. Rosny aîné, « De la Terre à la Lune » et « Vingt mille lieues sous les mers » de Jules Verne, puis « Niourk » de Stephan Wul. Des récits plus anciens, des utopies et du merveilleux scientifiques, qui interroge sur le rôle de l’homme sur Terre à partir de thème comme la régression de la civilisation, la pollution, l’évolution des espèces, le mauvais usage des sciences.
Et si après toutes ces propositions vous désespérez de voir vos jeunes se gaver de films bas-de-gamme, il vous reste encore en ultime recourt littéraire, les bulles. La bande-dessinée demeure encore et toujours une valeur sûre en contrée science-fictionnelle. La plupart des œuvres de BD cité dans cet article sont devenues au fil du temps des classiques indétrônables et indémodables.
Petit tour d’horizon.
Au sommet de la BD francophone à destination de la jeunesse, indiscutablement « Valérian et Laureline » couple d’agents spatio-temporels ayant pris vie sous les plumes de Christin et Mézières. Cela fait plus de cinquante ans qu’on nous narre leurs aventures avec passion et folie furieuse. Du grand spectacle à partir de 9 ans. Luc Besson, notre réalisateur français, a produit une adaptation mitigée qui ravira les fans de SF, mais pas forcément les fans de la BD, dommage.
Dans la même période que « Valérian », une autre série, toujours d’actualité, est facilement abordable pour les plus jeunes d’entre nous. « Les Aventures de Blake et Mortimer » d’E.P. Jacobs ont marquées toutes une génération et continues de le faire avec de nouvelles équipes de scénaristes/dessinateurs passionnés et passionnants. Entre menaces impériales, espionnages et sciences dévoyées, Francis Blake et Philip Mortimer ne seront pas de trop pour déjouer les pièges contre le monde libre. Un cycle à mettre absolument entre de jeunes mains.
Étrange électronicienne de génie, « Yoko Tsuno » a inspiré par ses exploits plusieurs générations de petites filles en mal d’aventure. Entre passé, présent et futur, sur la planète Terre ou au confins de l’univers, la jeune femme sauve l’humanité à de nombreuses reprises contre de terrifiantes menaces extraterrestres, pandémiques ou issues de robots fous, dépaysement assuré pages après pages pendant 25 albums.
conclusion
Science-Fiction et jeunesse sont indissociable, comme deux facettes d’une même pièce de monnaie. Hélas un constat demeure, les jeunes adorent la SF au cinéma ! Pas en littérature…
Un cliché qu’il faut estomper, car lire de la Science-Fiction est un apport de valeurs ajoutées, telles que le sentiment d’évasion, l’imagination débridée, la conscience de l’importance du choix, la dimension humaniste, le questionnement philosophique entre réel et virtuel, imaginaire et concret, le développement d’un esprit critique à même de déjoué les pièges moraux du quotidien.
Pour conclure, j’orienterai les plus jeunes d’entre nous vers, bien entendu, les éditions Syros et leur large choix de courts romans adaptés à la découverte de la Science-Fiction.
Lire de la SF c’est s’autoriser une émancipation de ses propres imaginaires.