Chats et science-fiction !
Du plus loin qu’on s’en souvienne, le chat a toujours accompagné l’être humain dans l’évolution des civilisations. Depuis l’Egypte ancienne où l’animal était momifié avec autant de soins que ceux réservés aux pharaons défunts pour les guider vers le Pays des Morts, Bastet, étant le nom de la déesse égyptienne aux traits félin ; jusqu’à de nos jours où les lolcats et autres « Chats Jedi » font l’amusement des internautes, mais aussi le respect de l’animal. En effet, il y a quelques années, plusieurs vidéos de maltraitances animales envers les félins, publiées sur les réseaux sociaux, provoquent un tollé chez les internautes. Rapidement les auteurs sont sanctionnés après une traque sur le Net par les amoureux des chats. C’est dire à quel point le fanatisme pour nos petites boules de poils est à son paroxysme !
Dans la mythologie nordique, Freyja, déesse de l’amour, de la sexualité, de la beauté et de la fertilité, se déplace sur un char attelé par deux gros chats bleus, car ils sont sacrés pour Freyja. Plus près de nous, au Japon, pays du manga, fleurissent un peu partout dans les échoppes de rue et les restaurants, les Maneki-nekos, ces statuettes de chats saluant les clients sont considérées comme des chats porte-bonheur. Cet animal énigmatique nous accompagne depuis longtemps et inspire nos imaginaires.
Au-delà des récits fantastiques ou de fantasy, nous avons moins l’habitude d’imaginer le chat dans un futur lointain, à bord d’un vaisseau spatial ou sur une planète étrangère.
Que nous dit la Science-Fiction au sujet des chats ?
Cinéma, séries TV, romans et bande-dessinées, à travers ces différents médias, tour d’horizon des aventures félines dans l’espace et le temps.
demain les chats.
Dans l’espace personne ne vous entend crier ou plutôt miauler. En effet, l’un des premiers chats de la SF est roux et apparaît à bord du vaisseau Nostromo. Fidèle compagnon de Ripley (Sigourney Weaver), l’héroïne du premier film Alien, le huitième passager en 1979. Le xénomorphe s’en prend à l’équipage tandis que Jonesy (ou Jones c’est selon) témoin des agissements de la créature est épargné. Le film se termine avec deux survivants, Ripley et son chat Jonesy qui entre en biostase afin d’être récupérés par la patrouille de Marines de l’espace. Jonesy dans Alien joue un rôle de mascotte, peu inquiété par le monstre. Il est à l’aise à bord du Nostromo.
Avant ce film classique du space horror, il y a eu, un an avant, en 1978, ce film Disney : Le Chat qui vient de l’espace. Dans ce film, un extraterrestre nommé « Zunar J5 slash 9 doric 47 » ayant l’apparence d’un chat atterrit en catastrophe sur Terre. Il a moins de 48 heures pour réparer son vaisseau spatial, sinon il sera coincé sur notre planète comme n’importe quel chat terrien. Doté d’un collier qui lui permet de communiquer par télépathie avec les êtres humains. Traqué par les militaires, le chat rebaptisé « Jake » sera aidé par un scientifique un peu excentrique pour retourner sur sa planète.
Par définition le chat nous paraît hermétique. Sa façon d’appréhender le monde, de le voir nous fait imaginer qu’il posséderait des pouvoirs psychiques comme la télépathie, et nous influencerait d’une manière comme d’une autre. Ce film illustre parfaitement cet état de fait.
D’autres franchises cinématographiques ont mis en avant les félins. Buttercup le chat de Primrose Everdeen dans Hunger Games ou encore le chat Orion dans la saga Men In Black. Dans le premier film, l’Arquilien Gentile Rosenburg est un extraterrestre bijoutier qui se fait tuer. Les enquêteurs MIB embarquent le petit félin blanc et roux s’en réaliser de suite qu’il arbore à son collier un bijou, la sphère contenant à l’intérieur la galaxie extraterrestre recherchée par les Men In Black.
Si cela n’est pas la preuve que les chats contrôlent l’univers et au-delà, j’y perds mon Klingon.
Enfin, il y a Goose qui apparaît dans le film Captain Marvel du Marvel Cinématographique Universe, en 2019. Animal mignon, proche de Carole Danvers et Nick Fury, Goose est une créature bien plus mystérieuse qu’un chat ordinaire. C’est une femelle Flerken aux origines obscures et dont la véritable apparence est étrange. Bref la définition du chat par excellence.
Dans le cinéma de SF, le félin est décrit comme un extraterrestre ayant pris cette apparence pour mieux nous contrôler. De nombreuses personnes à travers le monde pensent sincèrement que leurs chats sont en réalité des extraterrestres se baladant incognito sur notre planète.
des chats et des séries.
Avec les séries TV, là aussi les chats ne sont pas en reste pour s’épanouir sur ce média. D’ailleurs, ils se démarquent d’une façon étonnante. Nous sommes beaucoup à vivre en appartement et avoir chez nous des chats d’intérieur parfaitement adaptés à la vie domestique. Ils narguent le monde extérieur, le délaissent et par conséquent sont idéalement adaptés à la vie dans l’espace à bord d’un vaisseau cosmique. Étudions un large panel d’exemples de félins dans les séries tv de SF.
Dans la série humoristique Alf (acronyme pour Alien Form Life), ce facétieux extraterrestre quitte Melmac sa planète après qu’un holocauste nucléaire l’ait détruite. Un temps, il erre dans l’espace, puis s’écrase sur le toit de la maison de la famille Tanner à Los Angeles sur Terre. La famille choisit de le cacher au reste de la population en dépit de la curiosité d’Alf et des risques qu’il encourt notamment le fait qu’il souhaite manger des chats, un mets de premier choix sur Melmac.
Série loufoque dans laquelle les chatons sont éloignés d’Alf pour éviter qu’il ne les mange, serait décriée par ces derniers s’ils étaient en mesure de s’exprimer comme les humains. Lucky, le pauvre chat de la famille Tanner ne s’est jamais vraiment adapté à l’extraterrestre désireux de le manger.
Dans Battlestar Galactica la version de 2004, les colons fuient les 12 colonies après avoir subi une attaque nucléaire des Cylons. Leurs ennemis de toujours, créatures cybernétiques façonnées par les colons humains souhaitent se venger et imposer leur culture et asservir les humains. À travers les immensités de l’espace, les Cylons traquent les humains réfugiés à bord d’une flotte spatiale dans laquelle subsiste un semblant de civilisation. Dispatchés sur plusieurs vaisseaux, les conflits humains sont toujours bien réels et quand le besoin se fait sentir, la justice doit s’appliquer et les victimes doivent être défendues. C’est à ce moment-là qu’intervient Romo Lampkin, un grand avocat. Homme mystérieux et intelligent, il possède une chat nommé Lance qui est son unique lien avec sa famille décédé lors de la destruction des douze colonies. Romo prétend détester son chat, pourtant il sera très affecté par sa disparition.
Dans l’épisode pilote de la série Sliders : Les Mondes Parallèles, le héros Quinn Mallory, étudiant en physique quantique, possède un chat nommé Schrödinger sur lequel il refuse de tester sa machine, un minuteur capable d’ouvrir un vortex vers des univers parallèles au nôtre. Il choisit d’essayer son expérience sur lui-même prétextant qu’il ne se le pardonnerait jamais s’il devait arriver quelque chose à son chat domestique. Plus tard, Quinn Mallory va se perdre dans le maelström des mondes parallèles et ne verra plus jamais son chat. Cela n’enlève rien à l’affection qu’il a toujours porté envers son animal de compagnie, la série ne dit pas si ce sentiment est réciproque ou pas.
L’espace, l’ultime frontière. À bord du vaisseau galactique « Enterprise », explorez des mondes nouveaux et étranges, découvrez de nouvelles formes de vie et de nouvelles civilisations et aventurez-vous dans les recoins les plus éloignés de la galaxie. Voici l’accroche pré-générique de la série Star Trek The Next Generation. Car au mépris du danger rarement une franchise aura autant mis en scène des chats ! Dans cette série Trek des années 80, plusieurs personnages adoptent un chat. Parmi la dizaine de félins à bord de l’Entreprise-D, il y en a une plus populaire que les autres. Il s’agit de Spot, femelle chat, que l’androïde Data a pris sous son aile pour mieux comprendre les sentiments humains et leur rapport vis-à-vis des animaux. Cette relation félin/androïde aboutit à une belle relation, Data allant jusqu’à écrire une poésie à son chat : « Ode à Spot ». L’hyper émotif Reginald Barclay finit par surmonter sa timidité au cours des différentes séries Star Trek. Lui aussi adoptera un chat blanc qu’il nommera Neelix en lien avec un personnage extraterrestre Talaxien de l’USS Voyager. Un chat qui dort souvent sur le ventre de Reginald. Chester est aussi un chat qu’on rencontre dans l’univers Star Trek. Il appartient à Liam Bilby et sur Farius Prime il avait une chaise favorite sur laquelle il n’appréciait pas quand quelqu’un d’autre s’y asseyait. Par la suite il fut adopté par Miles O’brien et déménagea sur la station Deep Space Nine. Dans la nouvelle série Star Trek Discovery, c’est à partir de la saison 3 qu’apparaît un nouveau chat. Grudge (Rancune en français) une Maine Coon imposante, selon son maître, Cleveland Booker, sa taille serait dû à un problème de thyroïde. Et dans la toute première série Star Trek des années 60, il y avait déjà des activités félines. Dans l’épisode Mission : Terre, le dernier de la saison deux, l’équipage de l’USS Enterprise voyage vers le passé en 1968 et rencontre un mystérieux personnage appelé Gary Seven, qui est toujours accompagné d’Isis une petite chatte noire qui au cours de l’épisode se révèlera être une espionne extraterrestre capable de métamorphose et d’une forme rudimentaire de télépathie. À la fin de l’épisode, Isis se transforme en femme humaine, seule constante entre les deux formes, le collier qu’elle porte autour du cou.
Les chats semblent très à leur aise dans les vaisseaux qu’on découvre dans Star Trek. Preuve s’il en est que cet animal s’accommode très bien à la vie dans un lieu clos, comme tous ces chats qui sortent rarement de nos appartements.
Toujours dans l’espace entre deux époques du passé et du futur qui se télescopent, les chats ne font pas exception dans Doctor Who. Dans les premières saisons de la seconde mouture de la série apparaissent des représentants du peuple chat. Novice Hame et Thomas Kincade Brannigan sont deux chats humanoïdes qui un jour ont croisé la route du Docteur et sa compagne. Novice Hame fait partie de l’ordre des Sœurs de la Plénitude. C’est une infirmière qui soigne les patients atteints des maladies incurables de l’an cinq milliard. Elle officie à l’hôpital de New New York sur la Nouvelle-Terre. Thomas Kincade Brannigan est bloqué, avec Valérie sa femme humaine, sur l’autoroute dans sa voiture volante depuis douze ans. Ensemble, ils ont eu plusieurs enfants qui ressemblent à des chatons parfaitement ordinaires. Grâce à l’intervention du Docteur, la situation se débloque et la famille féline reprend le cours de sa vie.
Au milieu des années 80, en 1985 pour être précis, les quinquagénaires d’aujourd’hui se souviennent du dessin animé Cosmocats. Les héros félins humanoïdes, Starlion, Tigro, Félibelle, Wilykat et wilykit sont quelques-uns des Cosmocats qui luttent contre la menace des Mutants. Ces horribles monstres les ont chassés de leur planète Thundera et poursuivis jusque sur leur nouveau monde, la 3ème Terre, où vit un autre ennemi redoutable : Mumm-Ra. ThunderCats, dans la version originale, a fait les beaux jours de l’émission Récré A2, sur deux saisons et 130 épisodes, alliant dynamique manga et mythologie, le programme à tout pour plaire aux fans de Science-Fiction.
Enfin avec Demain à la une, Gary Hobson reçoit tous les matins une édition du journal du lendemain, par l’entremise d’un mystérieux chat roux aux miaulements aigus surnommé « Le chat de Mr Snow ». Avec ses amis Gary va tout mettre en œuvre pour empêcher les catastrophes annoncées de se réaliser, sans jamais savoir ni pourquoi ni comment il reçoit le journal du lendemain. Série fantastique sur la divination et la capacité à recevoir des révélations de l’avenir, le chat demeure un élément symbolique du programme assurant le déroulement de chaque épisode.
le chat observateur de l'écrivain
Les autrices et auteurs le savent bien, le chat est le compagnon idéal de l’écrivain. Il inspire, amuse, réconforte quand cela est nécessaire, mais quel rôle joue-t-il en Science-Fiction ? Les mondes de la SF sont vastes, étrangers et dangereux répondant à des lois physiques plus ou moins familières. Dans ces contrées vertigineuses il est logique de penser le chat comme un personnage important pour ce type de récit. À travers romans et nouvelles l’animal joue un rôle important, un mélange du guide et du gardien d’un mystère insoluble que le lecteur devra deviner au risque d’être méprisé par le chat.
On dit des chats qu’ils sont doués de perception. Une impression due au fait de leur regard, de leur façon de tourner leur tête brusquement vers un bruit imaginaire, légitime cette croyance. Comme s’il percevait à l’avance l’avenir. En littérature de l’imaginaire on trouve une flopée de chats télépathes, empathiques ou télékinésistes.
L’autrice américaine Anne McCaffrey décrit dans son cycle Le Vol de Pégase les relations entre des personnes télépathes et des chats, ces derniers étant leurs familiers par excellence. Ils communiquent ensemble de façon rudimentaire avec les chatcoons ou de manière plus élaborée avec les chadbords. Toujours chez Anne McCaffrey, elle récidive avec les chats de Clodagh et les grands félins dans la Trilogie des Forces. Ils servent de relais télépathique entre les planètes et les hommes, mais aussi d’espions et de messagers.
Marion Zimmer Bradley avec sa Romance de Ténébreuse évoque le Grand Chat unique être non-humanoïde capable de manipuler à sa guise une matrice de haut niveau. Il y a aussi le matou rose et télépathe de Dany et Michel Jeury dans Le Chat venu du futur. L’histoire d’un chat agent secret venu du 30ème siècle pour mener une enquête capitale pour l’avenir de la civilisation des chats. Accompagnés de la petite Louise qui aura tôt fait de le baptiser Groseille, ils vont vivre ensemble des aventures spatio-temporelles vers le Grand Réseau virtuel.
À l’image du félin métamorphe et télépathe de Zelazny dans L’œil de chat, il semblerait que les chats soient aptes à voir ce qui est dissimulé à l’humain. Anticiper de futurs problèmes, voir le danger à l’avance, ce pouvoir de perception est attribué à l’animal dans les récits imaginaires.
Frank Herbert l’auteur de la saga Dune a aussi écrit L’Homme de deux mondes, dans lequel les personnages prennent pour un chat le Redresseur, une créature qui a pour capacité de connaître et contrôler les pensées de tout être conscient. Jiti, le fameux Redresseur, prend l’apparence d’un chat pour passer inaperçu et se faufiler partout. C’est bien connu que les chats aiment fouiner où bon leur semble. Ainsi il prend l’apparence qui lui convient le mieux à sa nature d’espionne-télépathe.
Le chat est-il un animal-passeur ?
Une créature capable de voyager d’un monde à l’autre, entre celui des morts et celui des vivants. En Science-Fiction cette idée est largement reprise et fait du chat une sorte de voyageur discret qui se baladerait comme bon lui semble au sein d’une dimension commune ou entre les différentes strates de la réalité. Entre le réel et l’imaginaire, les chats peuvent librement voyager entre notre monde et les autres. Une capacité attribuée au félin, dans l’esprit des hommes toujours à s’interroger sur leurs activités nocturnes ou alors parce qu’ils sont fugueurs et qu’un jour un petit enfant ayant perdu son chat s’est demandé où il avait bien pu passer.
Ce concept est correctement représenté dans le cycle Les Futurs mystères de Paris du regretté Roland C. Wagner. Dans son œuvre coexistent deux réalités distinctes. Il existe une réalité « consensuelle » qui correspond à notre monde tel que nous le connaissons et une autre réalité d’ordre psychique, la Psychosphère, peuplée d’archétypes et de millénaristes qui s’y rendent par le truchement de la Fusion. Dans la réalité consensuelle, Killer a un chat nommé Pete, mais dans le Paysage déchiré son chat préfère le nom de Fuzz car c’est celui-ci qu’il a choisi.
Ainsi dans l’imaginaire, le chat est capable de jouer avec le temps et l’espace. Qui n’a jamais eu l’impression que sa mignonne boule de poils avait l’air d’être en partie ailleurs ? Avec ce sentiment qu’il participe de plusieurs mondes ou de plusieurs temporalités, en même temps. À la fois là sans être là, physiquement présent tout en étant absent, comme mort-vivant. Le chat de Schrödinger, fameux paradoxe du chat à la fois mort et vivant, exprime un phénomène de physique quantique. L’application qu’une particule subatomique puisse être à la fois une onde et un corpuscule, tout dépend de l’observateur, du moment où celui-ci observe l’objet physique. L’analogie du chat de Schrödinger fut imaginée pour expliquer ce concept. Il n’en fallait pas plus à la SF pour s’en amuser et proposer des chats « quantiques » maîtres spatiotemporels, ayant aboli les lois classiques de la physique. Dans le roman de Robert A. Heinlein « Le Chat passe-muraille », l’auteur met en scène Pixel. Un jeune félin malin capable de traverser les murs (comme l’indique le titre du roman) parce qu’il est trop jeune pour savoir que c’est impossible. Pareil avec les Chrono-minets d’Asimov, des chats en quatre dimensions capables de s’allonger dans le temps et dont personne ne peut les observer car ils se désintègrent après leur mort. Dans l’œuvre de Diane Duane, les chats-sorciers de la série « Feline Wizards » maintiennent ouvert les « Worldgates », des portes vers les mondes canoniques utilisées par les sorciers pour voyager. Ils sont les gardiens du temps, avec pour mission de corriger les petits dérèglements accidentels. Dans le cycle de l’Unité, Marion Zimmer Bradley, imagine des proto-félins dominant la société culturelle et technologique de l’Unité, car ce sont eux qui ont inventé la technique permettant de dépasser la vitesse de la lumière. Ainsi leur civilisation possède le contrôle absolu de l’espace et du temps.
H.G. Wells l’auteur britannique de La Guerre des Mondes et de La Machine à explorer le temps fut lui aussi inspiré par notre animal de compagnie préféré dans son roman L’île du Docteur Moreau on retrouve des femmes-chats. Chimère entre le corps féminin attribué de caractéristique féline. Le chat par son agilité et sa grâce symbolise la féminité.
En France nous avons Bernard Werber, grand amoureux des chats. Selon son avis et comme il indique dans son roman L’Empire des Anges, les chats sont en réalité une des manifestations des anges sur Terre, à l’image de nombreux mythes dans lesquels les chats facilitent le passage de l’âme dans l’au-delà. D’ailleurs, l’auteur continuera de les mettre en avant dans ses romans avec sa trilogie des chats. En forme de clin d’œil à la SF, Werber change les titres de Demain les chiens de Clifford D. Simak, de Sa Majesté des mouches de William Golding et de La Planète des singes du français Pierre Boulle ; et propose respectivement Demain les chats, Sa Majesté des chats et suivant sa logique La Planète des chats. Un moyen de faire du neuf avec du vieux.
Fredric Brown disait : « Les chats ont toujours été des créatures à part ». Dans son roman de SF parodique « Martiens, go home », les agaçants habitants de Mars ne parviennent pas à troubler longtemps les chats, à l’inverse des autres créatures vivantes qu’ils rendent folles. Les chats ont pour les extraterrestres la même indifférence hautaine qu’à notre égard. Ce sentiment de mépris qu’on perçoit chez les chats ne nous est pas réservé. À moins qu’on se trompe et qu’en réalité Dieu a créé le chat à son image et les hommes pour le servir. C’est l’hypothèse émise par Catrine dans le film « Je t’aime, je t’aime » d’Alain Resnais sur les voyages temporels. Nous avons inventé des objets pour leur bon confort tels que le tapis, le coussin, le bol, la caisse et la litière. Même la radio c’est pour leur faire plaisir, car les chats aiment la musique. Peu importe que cela soit la vérité ou non, ce qui est certain, c’est que le chat, lui, en est persuadé !
Comme chacun sait, ce n’est pas l’homme qui possède le chat, mais l’inverse. Et en SF c’est une évidence comme par exemple Aineko le cyber-chat dans le roman Accelerando de Charles Stross. Mais en 2018 une twitteuse demande à ses followers : « quel est votre animal de SF favoris ? » et indique pour sa part qu’elle apprécie Aineko. La réponse ne se fait pas attendre et l’auteur tweet sèchement un rappel à l’ordre : « Aineko. N’est. Pas. Un. Chat ». C’est une Intelligence Artificielle, une interface robotique, qui reste dans le sillage de la famille Macx, et ayant adoptée l’apparence d’un chat comme nous lorsque que nous adoptons un tout petit chaton.
Plus près de nous, de nos jours, le chat inspire toujours autant autrices et auteurs. La preuve avec Toxoplasma de Sabrina Calvo. Un récit déjanté sur l’île de Montréal assiégée par l’armée fédérale. L’Internet a disparu. Une Commune émerge de ce marasme, à l’affût de l’effondrement de la société. Dans ce chaos ambiant, Nikki Chanson, détective pour chats perdus, travaillant dans un vidéo-club désert diffusant des films de série Z, enquête sur des sacrifices de rongeurs. Hallucinant ! Cauchemardesque ! La vie de Nikki sombre vers une conspiration qu’elle devra révéler et déjouer le mystère. Roman foutraque, burlesque, aussi barré que peut l’être une chatte en période de chaleur, ce thriller proto-cyberpunk tient toute ses promesses.
Une autre française, Héléne Lenoir, s’est également penché sur nos charmants matous en les mêlant à une histoire d’invasion extraterrestre. Dans Félicratie, récit post-apocalypse dans lequel on rencontre Yacine, Rose et Diego, qui ne se séparent jamais de leurs cinq adorables chats. Les terribles Smnörgasiens ont envahi la planète Terre et contraint les humains à devenir leurs animaux domestiques. Leur point faible : les poils de chat ! À travers les égouts de Paris, la forêt de Sologne et l’espace suborbital, les félins sauveront-ils le monde des horribles Smnörgasiens ? Réponse en lisant ce post-apo hilarant, effrayant, émouvant.
Côté bande-dessinée, en 2020 fut publié le premier tome du comics Captain Ginger. Une aventure interstellaire menée par l’intrépide Captain Ginger. Après l’extinction de la race humaine, les chats ont hérité de la Terre, ou du moins d’un vaisseau spatial. À bord le capitaine et son équipage luttent pour leur survie au cœur d’un univers hostile, mais aussi contre eux-mêmes et leurs pires instincts félins. Entre Blacksad et Star Trek, ces chats humanoïdes (ou félinoïdes ?) de l’espace nous entraînent sur les traces d’une série étonnante et originale. Les Cosmocats des années 80 ne sont pas très loin !
Fritz Leiber, auteur américain de Science-Fiction et fantasy, nous ayant quitté en 1992 a offert à ses lectrices et lecteurs des œuvres abordant notre animal favori. Dans l’omnibus « Les Chats sont éternels » découvrez les chats d’ici et d’ailleurs, à la fois familiers et étranges, inquiétants et sympathiques. Fine plume des genres de l’imaginaire, Leiber décrypte toutes les nuances de la psychologie féline. À découvrir ou redécouvrir dans ce recueil : « Le Millénaire vert », « Le Navire des ombres », le cycle de Gummitch, plusieurs nouvelles félines et des textes inédits de l’auteur. L’œuvre de Fritz Leiber est correctement consacrée à la figure du chat.
space cats !
Dans la Science-Fiction, le chat est devenu l’animal de bord par excellence. À contrario du chien qui supporte mal d’être confiné dans un espace restreint. Le chat est volontiers casanier. De ses qualités domestiques, le félin possède une place non négligeable dans la SF. Tout ce dont il a besoin à bord d’un vaisseau c’est une banquette agréable, un coin où faire ses griffes et des mains pour le caresser. Être privé de grands espaces et de souris à chasser ne lui manquera pas. C’est très certainement dans le cycle de Pègase, d’Anne Mac Caffrey, que l’idée fut largement exploitée avec le concept du chadbord. Un mot valise forgé par l’autrice pour les besoins de son intrigue : le chadbord, c’est le chat-de-bord. Croisement entre le chat et le lynx, l’animal fait la fierté de l’équipage. Spécialement conçus pour vivre à bord des astronefs, cette race de chats ne quittent jamais l’espace car c’est interdit. S’ils quittent leur vaisseau c’est de manière illégale. Les astronautes sont très fiers de leurs chadbords et on les encourage à les admirer, mais il est interdit de les toucher. Tous les jours un nouvel chadbord est élu « chadbord du jour ». Il devient la mascotte du moment et sa photo est diffusée sur tous les médias de la planète. Parfois les vaisseaux s’échangent leurs bêtes pour obtenir des portées exceptionnelles, dans les meilleurs des cas. Cependant, le chadbord n’est pas qu’une valeur esthétique. Ce chat intelligent rend bien des services. Il est capable d’échanger avec les télépathes, ses pouvoirs perceptifs lui permettent de détecter la moindre fissure dans la coque du vaisseau, ce qui rend d’immenses services à l’équipage. C’est un membre à part entière, nullement un simple familier décoratif. Le chadbord applique à la lettre les résistances du chat, il est réputé pour survivre aux accidents spatiaux, « Trouvez le chadbord » devenant la devise des équipes de secours spatial. Une devise qui fait écho aux expressions de la croyance populaire telles que : « un chat retombe toujours sur ses pattes » ou « un chat a neuf vies ».
On l’aura compris, les chats sont légion à bord des vaisseaux spatiaux, ils y sont spontanément associés. Tommy de « Esprit es-tu là » d’Arthur C. Clarke, Pixel du « Chat Passe-muraille » d’Heinlein, le chat Moustache de « Trois Enfants dans les Étoiles » de Jacqueline et Claude Held, sans oublier les chats spatiaux dans « La Faune de l’espace » de Van Vogt, qui tout comme le chadbord sont des croisements entre chats et lynx, capable de contrôler les phénomènes vibratoires et la cohérence de la matière, sont quelques-uns des représentants félins en Science-Fiction. Ainsi le chat est une espèce astro-pérégrine du fait d’être une mascotte à bord de nombreux astronefs, dans plusieurs œuvres de SF l’animal a évolué devenant un extraterrestre doté d’attributs félins. À l’image du cycle de Chanur de C.J. Cherryh dans lequel on découvre une civilisation féline anthropomorphe, où les femelles sillonnent l’espace à la recherche d’aventure et protège leur secteur, tandis que les mâles restent sur leur planète d’origine à veiller au grain. Comme cité plus haut, en début d’article, avec Internet, les sites loufoques qui annoncent que les chats sont en réalité des extraterrestres déguisés pullulent joyeusement. Une idée qui voit le jour dans les récits de Van Vogt et Fredric Brown, respectivement dans les textes « The Cataaa » et « Une Souris ». Ces sites douteux vous aident à déterminer si, oui ou non, votre chat est un voyageur de l’espace…
conclusion.
Depuis la nuit des temps dans l’Égypte antique jusqu’à parcourir les univers science-fictifs, le chat en a fait du chemin avant de ronronner dans l’espace. Animal-clé de notre imaginaire, en Science-Fiction, il se caractérise par ses pouvoirs psy, sa maîtrise du temps et de l’espace, son aisance à bord d’un astronef, il incarne ainsi plusieurs concepts de la Science-Fiction. Créature complexe et mystérieuse, en SF il est plus qu’un simple compagnon ou un familier, c’est un guide. Nous avons domestiqué et dressé le chien, mais le chat, lui, nous a subjugué.