La Fin des étoiles selon Nicolas Skinner
La Fin des étoiles
Chronique littéraire du nouveau roman de Science-Fiction de Nicolas Skinner.
La chronique
En juin 2024, l’auteur breton de SFFF (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy) Nicolas Skinner publie son nouveau roman « La Fin des étoiles » un retour à la science-fiction bienvenue. Après Chimera, qui était déjà de la SF, Nicolas nous offre une histoire captivante et bien fichue à des années lumières de son troisième roman, premier pas dans la SF, Chimera, qui demeure une œuvre de jeunesse convaincante mais à laquelle il manquait quelque chose. Dans « La Fin des étoiles » l’auteur passe à la vitesse supérieure avec un récit haltant, très bien construit de chapitre en chapitre, une science-fiction à la lisière des genres qui se laisse lire quasiment d’une traite tant l’intrigue est bien menée.
Paul Le Moal a tout pour être heureux. Une femme aimante, Laura. De beaux enfants, les jumeaux Alice et Marc. Un poste d’ingénieur confortable dans un cadre passionnant, bref tout lui sourit. Un soir il trouve dans le jardin de sa maison de vacances à Pleine-Fougère en Bretagne une étrange boule noire. En la touchant pour la ramasser il déclenche un mécanisme qui révèle une gigantesque toile noire plate et opaque haute de plusieurs kilomètres puis redevient globe couleur ébène. Surpris par ce phénomène, Paul cache la boule dans son cabanon. À partir de cette découverte le héros va commencer à entendre une voie insidieuse dans sa tête et tout ira de mal en pis pour lui.
Au début, cette voix surnaturelle reste discrète, tapie dans les tréfonds de la conscience du héros…
D’ailleurs sacré chat noir Paul Le Moal. Il aura suffi d’une blague qui passe mal pour enclencher la dégringolade : rétrogradage professionnel, accident de la route, décès d’un proche, coma, divorce, alcoolisme, etc, etc, rien ne lui sera épargné.
Fidèle à ses habitudes d’auteur « architecte » Nicolas Skinner structure un récit qui ne laisse aucune place au hasard. C’est bien écrit, comme à chaque livraison, avec cette fois-ci une évolution dans la trame du récit. Les chapitres alternent entre deux temporalités, deux tonalités, entre Paul le père et Alice sa fille. Paul raconte un passé doré qui va connaître la déchéance. Alice raconte un futur qui n’est pas sans rappeler notre quotidien, un futur qui devient de plus en plus angoissant. Car pendant ce temps-là les étoiles dans le ciel se mettent à disparaître mystérieusement.
C’est donc une lecture intimiste, double, entre le père et la fille qui se télescope sans jamais le moindre accro dans la trame du récit.
L’empathie est évidente au vu des drames qui se déroulent, quand on connait bien l’auteur on s’aperçoit qu’il a mis beaucoup de lui dans son roman. Une mise en abîme savoureuse qui donne du crédit à son histoire. Je ne ferais pas ici une liste des éléments de la vie de Skinner, je laisse ce plaisir au lecteur comme une invitation à le découvrir sous un autre angle.
Roman captivant qui se lit facilement, en lien avec l’actualité proche. Dans « La Fin des étoiles » on retrouve des accointances aves le mouvement des Gilets Jaunes, la crise de la covid avec son cortège de couvre-feux, restrictions et autres contraintes, le complotisme, la vie extraterrestre, les dérives sectaires, le végétarisme sujet de discord entre plusieurs personnages même si l’auteur ne prend jamais de parti pris.
Enfin, avec ce nouveau roman, nous sommes dans une Science-Fiction crédible où la science est appliquée avec cohérence, on est presque dans une Hard SF tonitruante, mais pas seulement. En effet, avec brio, l’auteur mélange les genres. Hard SF dans un premier temps, rapidement on bascule dans un récit de premier contact avec une intelligence extraterrestre puis le voyage dans le temps, le multivers mais je n’en dirais pas plus. Ce mélange des genres est savoureux, menant le lecteur dans des hypothèses surprenantes qui au final révèle une tout autre situation.
Nicolas Skinner un auteur SFFF qui n’a pas fini de nous surprendre !