introduction
Un jour en 2017, un post apparait sur Tumblr, sur lequel est écrit le mot « hopepunk ». Un mot valise composé des mots hope et punk. Espoir et punk. Espoir subversif comme l’affectionne les divers genre et sous-genre de la Science-Fiction. Naguère dans les clubs SF les fans discutaient Steampunk et Cyberpunk, de nos jours nous voyons apparaitre des néologismes comme le Solarpunk ou le Dieselpunk. Des types de Science-Fiction où il est question d’une problématique qui s’enlise, jusqu’à devenir irréversible, comme par exemple, un déficit énergétique et les solutions qu’il faut apporter ou trouver pour contourner des situations conflictuelles.
grimdark vs hopepunk
Le Hopepunk semble sortir du lot.
En effet avec un leitmotiv résolument positif cela nous change de nos récits de fin du monde ou de sociétés dystopiques ou contre-utopiques. Avec la crise du Covid, la perspective d’un avenir angoissant, cynique et sombre s’est renforcé provoquant bien plus de dépression que nécessaire. Entre le dérèglement climatique et la montée des extrêmes un peu partout dans le monde, les lendemains noirs sont une certitude.
Ce terme est forgé par une autrice américaine, Alexandra Rowland, qui lors de la WorldCon 2019 à Dublin s’est exprimée sur ce sujet. Avec enthousiasme elle a expliqué et défendu son concept, qu’on pourrait résumer par : « être gentil devient un acte politique ».
Il faut du courage pour affirmer ses convictions et changer les choses. Aimer, espérer, être gentil ne sont pas des faiblesses même quand la situation est désespérée.
Le Hopepunk s’oppose au Grimdark, un sous-genre récent de la Fantasy dans lequel on ne trouve que violence, amoralité et nihilisme, mais avec réalisme, comme pour mieux coller à ce que fut concrètement le Moyen-Âge. À contrario, le Hopepunk refuse un avenir anxiogène, pessimiste, déprimant auquel nous semblons être condamné.
Nos espoirs deviennent contestataires.
l'optimisme du héros ordinaire
Car dans ce marasme ambiant il faut affirmer que tout n’est pas perdu. Un meilleur avenir est possible, malgré le contexte actuel. Face au cynisme et à l’effondrement, il faut exiger que les choses s’améliorent, pour qu’un futur possible se réalise. Avec optimisme les personnages des récits Hopepunk se dressent contre les préjugés nauséabonds et les aprioris obscurs.
Les héros donnent de l’espoir aux lecteurs car le combat est possible. Comme l’indique le suffixe « punk » propre à la SF, la subversion est évoquée.
Avec le Hopepunk nous ne sommes pas dans des histoires « cucul-la-praline » mais de préférence dans une transition où un présent déprimant doit, tant bien que mal, préparer un avenir meilleur.
Dans ces cas de figure, le Hopepunk devient un antidote à la résignation.
Ainsi le lecteur découvre pour ses héros un décors chaleureux et confortable dans une atmosphère douce, à des années-lumières des paysages horrifiques de la saga Matrix. De même la temporalité du héros se situe dans une époque contemporaine ou dans un futur proche. Logique, nous vivons actuellement une période trouble, compliqué. Ces combats deviennent nécessaires.
Les protagonistes sont ordinaires. Il n’y a pas d’Élus avec un destin qui les dépassent, ni de noble, roi ou princesse qui se révolte contre les règles imposées. Non, il n’y a rien de tout cela dans le Hopepunk. Seulement des gens comme vous et moi qui n’ont pas à accomplir une quête infinie ou une aventure contraignante. Ils n’ont juste qu’à identifier un problème et décider de l’affronter, mais pas n’importe comment. En effet, les protagonistes du Hopepunk font se servir de leurs émotions et sentiments pour démêler des situations conflictuelles. Tout simplement parce que cet effort les aura rendus plus vivant.
Le Hopepunk forge la nature humaine à retrouver son optimisme.
L’humanité est toujours capable d’amour, de sincérité, de conviction.
l'union fait la force !
Dans se cadre particulier, les enjeux sont très différents. Il n’est plus question d’un appui à dimension épique, ni de révolutionner le monde, mais plutôt valoriser la bienveillance, la gentillesse, le respect et l’importance des valeurs.
L’union fait la force, on ne le dira jamais assez. Le collectif permet d’aller plus loin et surtout s’ancrer dans ses actions. L’entraide devient une nécessité qui peut amener à la recherche puis la construction d’une communauté dans laquelle le héros accomplira de grandes choses. En opposition, un univers cynique où seul compte le chacun pour soi, car les personnages agissent les uns contre les autres, prive le héros de soutien.
La coopération doit se faire volontairement et pas par intérêt personnel.
Le combat devient permanent contre les cyniques et les pessimistes, car il fait l’objet d’un progrès inhérent à la nature humaine. Les scènes de victoire finale du Bien contre le Mal sont très rarement l’apanage du Hopepunk.
Le Cyberpunk et le Grimdark furent motivés en réaction à des sociétés dans lesquelles le progrès était idéalisé. Par exemple, les illustrations de Jean-Marc Côté « En l’an 2000 » publiées en 1910. Leurs objectifs sont d’injecter du réalisme dans leurs récits, et dénoncer les dérives des nouvelles technologies.
Un jour Catherine Dufour a eu cette citation très proche du Hopepunk :
« La Science-Fiction avait pour fonction d’alerter les époques fascinées par le progrès. Maintenant que tout le monde a très peur, elle doit prendre le contre-pied. Il y a un avenir à construire, même si, pour le moment, il a une gueule d’accident de voiture ».
la bienveillance en conclusion
Chute illusoire que le progrès technique allait améliorer le monde, le Hopepunk est indispensable dans cette ambiance de lendemain de cuite collectif.
Attention ! Le Hopepunk n’est pas synonyme d’un optimisme exagéré et aveugle. Il ne promet pas un avenir radieux mais plutôt une offre d’échappatoire aux problèmes actuels pour mieux nous défendre contre eux.
L’essence du Hopepunk se concentre dans le fait qu’être doux, honnête et bienveillant n’est ni une faiblesse ni de la naïveté, mais une preuve de courage. Sa raison d’être est d’encourager chacun à ne pas baisser les bras, à participer à son niveau au changement qu’il aimerait voir advenir dans le monde.
Céder au pessimisme c’est facile et réaliste, car nos esprits sont préparés à le faire.
Pour conclure, je terminerai sur une petite sélection d’œuvres résolument Hopepunk.
Les romans d’Alexandra Rowland de la fantasy, du conte merveilleux et de la politique-fiction pas encore publiés en France.
Les romans de Becky Chambers : Apprendre, si par bonheur, la trilogie des Voyageurs (L’espace d’un an, Libration, Archives de l’exode)
Les séries TV Star Trek et notamment la toute première série avec Kirk, Spock et McCoy.